Jeux Olympiques 2024 : Bilan contrasté pour l'accessibilité numérique

Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 se sont voulus exemplaires en matière d'inclusion. "Ouvrons grand les Jeux", tel était le slogan. Mais sur le terrain du numérique, la promesse a-t-elle été tenue ? L'heure est au bilan.

Des initiatives technologiques saluées

Il faut reconnaître les avancées concrètes mises en place pour améliorer l'expérience des spectateurs en situation de handicap sur les sites de compétition.

• Audiodescription en direct : Grâce à la 5G, les spectateurs malvoyants ont pu suivre les épreuves avec une description audio détaillée via l'application officielle, une première à cette échelle.
• Tablettes tactiles "Touch2see" : Déployées dans plusieurs stades, ces tablettes permettaient de suivre l'action par le toucher (vibrations, curseur mobile) en temps réel, offrant une immersion inédite.

Ces innovations ont montré que la technologie, quand elle est pensée pour tous, peut briser des barrières.

Le point noir : les sites web officiels

C'est du côté du web que le bât blesse. Malgré les obligations légales françaises (RGAA), les plateformes numériques officielles ont montré de sérieuses lacunes.

Un taux de conformité insuffisant

Selon plusieurs audits indépendants, le site principal paris2024.org n'a pas atteint les objectifs fixés. En début d'année 2024, le taux de conformité global n'était que de 55%, bien loin des 100% attendus pour un événement de cette portée, et même en deçà de l'objectif interne de 75%.

[!WARNING] Le transfert de la gestion du site au Comité International Olympique (CIO) en Suisse a soulevé des questions sur l'applicabilité continue des lois françaises (RGAA), créant un flou juridique regrettable.

Les problèmes rencontrés

Les utilisateurs ont rapporté des difficultés majeures :

• Billetterie complexe : Parcours d'achat difficilement navigable au clavier ou avec un lecteur d'écran.
• Informations voyageurs : Les applications de transport, bien qu'améliorées, présentaient encore des ruptures de parcours pour les personnes à mobilité réduite cherchant des itinéraires accessibles.

L'héritage de Paris 2024

Malgré ces critiques, Paris 2024 aura eu le mérite de mettre le sujet sur la table. L'ARCOM et la Délégation Interministérielle à l'Accessibilité (DIA) ont profité de l'événement pour sensibiliser massivement les acteurs publics et privés.

L'héritage immatériel de ces Jeux, c'est aussi cette prise de conscience : l'accessibilité numérique ne s'improvise pas, elle se conçoit dès le départ ("Accessibility by Design"). Pour les futurs grands événements, la leçon est claire : l'inclusion numérique doit être une priorité absolue, pas une variable d'ajustement.

Pour comprendre le futur cadre légal européen qui s'imposera bientôt, consultez notre article sur l'European Accessibility Act.